Lu sur Ouishare.net le 13 février 2023
Olivier Erard est glaciologue et ingénieur des transformations systémiques sur les territoires. Il a été directeur de la station de ski de Métabief avant de devenir l’animateur principal de la démarche de transition de l'économie du tourisme et des loisirs sur le Massif du Mont d'Or et le Pays du Haut-Doubs.
Interviewé par Ouishare, il expose sa posture de travail.
Extraits choisis.
"Nous avons alors utilisé les données climatiques modélisées sur le portail du DRIAS et analysé les données météorologiques passées pour comprendre les perspectives qui se dessinaient : ces dernières nous indiquaient que le ski ne serait plus viable au cours de la décennie 2030-2040… Ce fut un choc."
"Vous parlez de la fin du ski… est-ce une forme de décroissance que vous prônez ?
O. E. : Si l’on regarde uniquement le périmètre du domaine skiable, nous savons que rien ne pourra compenser l’effet économique du ski alpin, donc oui, c’est une forme de décroissance. Pour autant, je préfère parler de “dépolarisation des activités” car c’est plus audible et positif."
"On comprend ainsi que la fin du ski n’est acceptable qu’à la condition de trouver un ou des remplacements. C’est ce que j’appelle l’effet catalogue. Une sorte de disneylandisation de la montagne pour justifier le maintien des remontées mécaniques."
"Dans l’étude PACT2 (Parcours apprenants et communs des transitions des territoires), nous avons observé la présence d’un fort leadership dans les territoires mettant en place des démarches de transformation. Est-ce le cas pour vous, à Métabief ?
O. E. : En théorie des systèmes (Michel Crozier et Erhard Friedberg, L’acteur et le système, Seuil, 1992) chaque processus de transformation d’un système serait caractérisé par un binôme. Un leader situationnel pour incarner le pouvoir et porter le récit, et un marginal sécant pour incarner le changement sans vouloir le pouvoir.
A posteriori, dans notre processus de transformation à Métabief, je pense avoir joué le rôle de marginal sécant et mon président celui de leader situationnel"
"Pendant la crise de la covid-19, on entendait souvent de la part de certains exploitants que “sans les stations, les territoires de montagne seraient foutus”. Cela reflète bien les interdépendances que les stations ont créées avec le reste des territoires.
Argument que je réfute : ce qui est mis à mal avec la fin du ski, c’est le système productiviste des stations, pas notre capacité à vivre heureux dans les territoires de montagne.
Cet argument reflète selon moi une vision du passé à contresens des impératifs sociaux et écologiques de notre époque. Un discours qui ne profite qu’aux tenants du système. "
"Les prises de conscience des professionnels s’accroissent. Des entrepreneurs visionnaires commencent à bouger leur modèle, des professionnels des domaines skiables s’inquiètent pour leur avenir… Autant de signaux positifs qui entrent en dissonance avec les discours que l’on entend de la part des représentants des corporations.
Cela dit, je remarque aussi une forme de “greenwashing” des stations de ski avec des labels, de l’éco-responsabilité, de l’éco-engagement… Autant d'actions qui selon moi permettent au modèle de continuer en retrouvant un certain équilibre, mais ne répondent pas aux réels enjeux."
Un article complet à retrouver ici.
_Un partage d'Alexis

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